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Bienvenue sur le GHB !
I. Le GHB ou drogue du viol.
Le GHB ou acide gamma hydro butyrique est un produit
stupéfiant que les consommateurs utilisent pour favoriser
des relations sexuelles " forcées ". Les hommes y
trouveraient une relative stimulation sexuelle, les femmes
verraient leur sexualité exacerbée, avec des relations
multiples, involontaires et dont elles garderaient
inconstamment le souvenir. Le produit serait parfois mis
dans les boissons à l'insu des consommatrices. Il
s'ensuivrait des relations sexuelles " consentantes " et
débridées.
Le GHB était initialement utilisé en anesthésie générale.
Des études ayant montré qu'il augmentait le taux d'hormone
de croissance, il a fait son apparition dans les salles de
musculation, les utilisateurs espérant se muscler plus
facilement avec. Il a ensuite été incriminé dans des
affaires de relations sexuelles que l'on peut qualifier de "
viol ". Entre anesthésie, musculation et viol, tout est
affaire de dosage et de fantasmes. Même si les quelques
lignes qui précédent pourraient faire illusion , quand on
connaît le mode d'action du produit, on est surpris de le
voir apparaître classé parmi les molécules à effet
amphétaminique. Force est d'admettre que le fantasme touche
aussi ses détracteurs.
En pratique, le GHB est une molécule très proche du GABA ou
acide gamma amino butyrique. Le GABA est un puissant
inhibiteur du système nerveux. Les principaux GABAergiques
(molécules agissant comme le GABA) sont les benzodiazépines
et l'alcool. Les benzodiazépines les plus connues sont le
tranxène*, le rohypnol*, le xanax*, le temesta*, le lexomil*
etc ; ..Ces produits inhibent les systèmes neuronaux
prédominants chez un individu, c'est à dire qu'une personne
excitée sera calmée et une personne angoissée, inhibée sera
désinhibée. En outre, à forte dose, hors accoutumance, le
produit sera toujours sédatif. On comprend donc que quelques
personnes sexuellement inhibées y aient trouvé leur compte
parce que simplement désinhibées par de petites doses de GHB,
et que la réputation du produit ait pu se faire en ce sens.
Une fois la réputation du produit faite, le principe du "
produit excuse " est bien connu. Il permet de légitimer des
actes violants, antisociaux ou illégaux. Tout n'est plus
affaire que de dose (importante pour la victime), et de
bonne excuse : " c'est pas ma faute, j'ai pris le produit
qui ..". Il n'en demeure pas moins que l'usage intentionnel
du produit est un acte de préméditation.
Le scénario médiatique autour du GHB est comme pour toute
les nouvelles drogues, une phénomène intéressant. L'image
fantasmagorique suffit à générer la peur ou l'acte. Pourtant
le nombre de neuromédiateurs qui sous-tendent des intérêts
addictifs ou psychodysleptiques est assez restreint à ce
jour (dopamine, catécholamines, endorphines, sérotonine,
GABA ). Aucune nouvelle drogue n'apporte de nouveaux effets.
Le comportement social autour du GHB est très révélateur,
puisque les consommateurs comme beaucoup de médias lui
prêtent des effets amphétaminiques (excitants) alors que le
produit est GABAergique (modulateur).
En conclusion , jusqu'à preuve du contraire, le GHB n'est ni
une drogue, ni un aphrodisiaque. Ce produit est modulateur
du système nerveux centrale comme beaucoup de médicaments.
Il s'est fait ses réputations successives autour des
problématiques des personnes qui l'on utilisé et qui y ont
trouvé une satisfaction.
II. La
drogue des violeurs: comment ça marche ?
Certains prédateurs
sexuels en seraient réduits à utiliser le GHB pour
hypnotiser leurs proie... malheureusement. Mais au fait,
comme ça marche ?
Le GHB ou plus scientifiquement l'acide hydroxybutyrique est
plus connu chez le grand public sous l'appellation imagée de
"drogue des violeurs". Cette substance n'est pourtant pas
récente puisqu'elle a été synthétisée en 1964 par Henri
Laborit, le père du premier neuroleptique (largactil).
Bien connue à l'hôpital pour ses effets hypnotiques et
anesthésiants, elle est également employée pour traiter les
malades atteints de narcolepsie, une maladie caractérisée
par une exagération pathologique du besoin de dormir.
Son usage s'est aussi répandu, dans un cadre moins licite
parmi les culturistes dans le but de développer leur masse
musculaire en raison de son action sur la libération d'
hormone de croissance.
Jusqu'à présent, on ne connaissait pas le mécanisme d'action
de cette drogue au niveau central. On savait bien qu'elle
existait de façon naturelle dans le cerveau mais en très
faible concentration. Une équipe franco-britannique vient de
publier dans le Journal of Neuroscience (10 décembre 2003)
des résultats montrant que les effets physiologiques et
comportementaux du GHB sont sous-tendus par le thalamus, une
structure clé du cerveau impliquée dans le sommeil.
De façon plus précise et en faisant de la neurobiologie de
base, on peut dire que ton cerveau fonctionne avec deux
types de substances : les unes excitent tes neurones, les
autres les rendent zen. L'action de la GHB consiste
justement à perturber au niveau du thalamus ce fragile
équilibre entre substances excitatrices et inhibitrices. En
conséquence, cette rupture d'équilibre entraîne des effets
variables selon les doses utilisées.
A faible dose, le GHB a des effets euphorisants et
désinhibiteurs, ce qui a conduit à son utilisation dans un
but "récréatif". Des doses plus élevées de GHB entraînent
une
hypnose associée à une amnésie d'ou l'appellation de
«drogue des violeurs ».
Enfin sa consommation non contrôlée comporte d'importants
risques de toxicité. De fortes doses peuvent provoquer une
dépression respiratoire pouvant conduire au coma.
Bruno Michaud -
Docteur en Neurobiologie
Source :
TaSanté.com et Médecine et Santé
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