Alors qu'il était nouvelle recrue dans
l'armée, James Preston Finn, 20 ans, a-t-il violé une
collègue de 23 ans complètement saoule, comme celle-ci
le prétend, ou s'agissait-il d'une relation consentante,
comme le jeune homme l'affirme? C'est ce qu'un jury
devra déterminer la semaine prochaine lorsqu'il
entreprendra ses délibérations au palais de justice de
Montréal.
L'agression sexuelle reprochée à Finn se serait produite
dans la nuit du 2 juin 2003, au terme d'une virée dans
les bars du centre-ville de Montréal. Quinze recrues de
l'armée, soit 13 hommes et deux femmes, prenaient part à
cette soirée abondamment arrosée. À la fermeture des
bars, Finn, un collègue et les deux recrues féminines
décidaient de finir la nuit dans la même chambre
d'hôtel. Le lendemain, quelques heures après être
revenue à la base de Saint-Jean-sur-Richelieu, la jeune
femme qui avait dormi dans le même lit que Finn portait
plainte contre lui.
Le jeune homme, passible d'une peine de 10 ans de
prison, a subi son procès devant jury cette semaine au
palais de justice de Montréal. Les différents témoins
qui ont défilé à la barre, principalement des recrues
qui ont participé à cette soirée, ont raconté
substantiellement la même chose en ce qui concerne les
prémisses de cette affaire. La première fin de semaine
de juin 2003 était le premier congé pour les recrues,
qui subissaient un entraînement intensif depuis six
semaines à la base de Saint-Jean-sur-Richelieu. Le
dimanche soir, une quinzaine de recrues se sont
organisées pour sortir à Montréal. Elles sont parties
dans des taxis. En route, certaines se sont arrêtées
dans un dépanneur pour acheter de la bière. Arrivées à
Montréal, les 15 recrues ont fait deux ou trois bars de
la rue Crescent, puis elles se sont déplacées vers le
boulevard Saint-Laurent, où elles ont fêté dans deux ou
trois autres bars. À un certain moment, Finn a acheté
deux roses à une vendeuse ambulante, et les a offertes
aux deux recrues féminines, qui l'ont remercié
chaleureusement. Finn avait un oeil sur la présumée
victime, il ne s'en cache pas. À la fermeture des débits
de boisson, tous étaient passablement éméchés. Il était
temps de revenir à Saint-Jean, mais le couvre-feu était
passé. Les recrues devaient se trouver un endroit pour
égrener les quelques heures qui restaient avant la
réouverture de la base. Certaines ont décidé de rentrer
à Saint-Jean, et de louer une chambre à l'hôtel Comfort
Inn. C'est le cas de Finn, son collègue Shane Flood et
les deux recrues féminines. Les quatre sont partis à
bord du même taxi.
Rendus à l'hôtel, Flood et l'une des deux jeunes femmes
sont allés louer la chambre en faisant croire qu'ils
n'étaient que deux pour éviter un supplément. Pendant ce
temps, Finn et la présumée victime passaient par
l'arrière et attendaient près de la porte, afin que
Flood les fasse entrer incognito. Dans la chambre, il y
avait deux lits doubles. Finn s'est couché dans un lit
avec la présumée victime, tandis que Flood couchait dans
le deuxième avec l'autre jeune femme. Ces derniers, qui
n'auraient pas eu de relations sexuelles pendant la
nuit, disent qu'avant de s'endormir, ils ont entendu des
gémissements féminins provenant du lit d'à côté.
Le matin, tout le monde s'est levé vers 8 h 30. Ils se
sont rendus au Tim Hortons, où ils ont commandé et bu du
café, puis sont rentrés à la base en taxi. C'est une
fois rendue à la base que la présumée victime aurait
commencé à réaliser qu'elle avait eu des relations
sexuelles avec Finn. Elle sentait une douleur à la
région génitale et, en s'examinant, elle dit avoir vu
une rougeur. Elle s'est mise à pleurer et en a parlé
avec différents intervenants, dont l'aumônier. En
soirée, elle se décidait à porter plainte contre Finn.
La jeune femme soutient qu'elle était ivre et qu'elle
n'a jamais consenti à avoir des relations sexuelles avec
Finn. Elle dit ne plus se rappeler être entrée dans la
chambre. La seule chose dont elle se souvient, c'est
qu'à un certain moment, elle est sortie un peu de sa
torpeur, et Finn était sur elle. " J'ai dit non.
J'essayais de le pousser, mais j'étais tellement saoule
que je n'étais pas capable de le tasser ", a-t-elle
raconté au procès. Son seul autre souvenir est de s'être
réveillée nue le matin, couchée dans le même lit que
Finn, qui dormait. L'accusé, de son côté, affirme que la
jeune femme était consentante et pleinement
participante, voire même agressive sexuellement. Ils ont
fait l'amour pendant au moins 45 minutes, dans diverses
positions, a-t-il dit.
Il est interdit aux membres des Forces armées
canadiennes de " fraterniser " de la sorte entre eux. La
défense a tenté de démontrer que la présumée victime a
porté plainte contre Finn parce qu'elle ne voulait pas
de blâme à son dossier, ce qui aurait pu nuire à son
avancement dans l'armée.
Les plaidoiries auront lieu lundi, dans ce procès
présidé par le juge James Brunton.
Source :
Cyberpress.ca