Bienvenue sur le stress Post-Traumatique !
1.
Qu'est-ce que l'état de stress post-traumatique ?
Il s'agit d'un
ensemble de réactions (ou symptômes) qui peut se développer
chez une personne après qu'elle ait vécu, été témoin ou
confrontée à un traumatisme, c'est-à-dire un événement qui a
provoqué la mort ou de sérieuses blessures ou qui impliquait
une menace de mort ou de graves blessures et qui a suscité
une peur intense, un sentiment d'impuissance ou d'horreur.
Un tel événement peut être un accident, une agression
violente, un viol, un hold-up, une prise d'otage, un
incendie, un tremblement de terre, une inondation, etc.
Quiconque est
exposé à un événement d'une telle intensité peut développer
des symptômes caractéristiques qui comprennent : 1) le fait
de revivre l'événement en pensée de manière persistante; 2)
l'évitement des situations qui rappellent l'événement avec
un émoussement des réactions générales (engourdissement,
anesthésie émotionnelle); 3) une hyperactivité. Ces
symptômes sont décrits plus en détail dans ce qui suit. Bien
que certaines variables personnelles (par exemples,
expériences durant l'enfance, traits de personnalité,
troubles mentaux préexistants, etc.) peuvent augmenter la
probabilité de développer un stress post-traumatique, il
semble que le facteur le plus déterminant soit la gravité de
l'événement vécu. Ainsi il peut se développer chez des
personnes ne présentant aucune caractéristique prédisposant,
surtout si le stress a été important. Selon certaines
études, 8 à 10 % de la population souffrirait à un moment ou
à un autre de leur vie d'un état de stress post-traumatique.
Précisons que
nous parlons de stress post-traumatique lorsque la
perturbation persiste plus d'un mois. Dans le premier mois
nous employons plutôt le terme d'état de stress aigu.
SYMPTÔMES
1. Comment reconnaître les symptômes de stress
post-traumatique?
Voici les
critères définis par l'American Psychiatric Association et
qui sont généralement utilisés:
A) La personne
a été exposée à un événement traumatique tel que défini plus
haut.
B) L'événement
traumatique est constamment revécu, de l'une (ou de
plusieurs) des façons suivantes:
1. souvenirs
répétitifs et envahissants de l'événement provoquant un
sentiment de détresse et comprenant des images, des pensées
ou des perceptions. Note: Chez les jeunes enfants, jeux
répétitifs exprimant des thèmes ou des aspects du
traumatisme.
2. rêves
répétitifs concernant l'événement provoquant un sentiment de
détresse. Note: Chez les enfants, il peut s'agir de rêves
effrayants sans contenu reconnaissable.
3. impression
ou agissements soudains "comme si" l'événement traumatique
allait se reproduire (incluant le sentiment de revivre
l'événement, des illusions, des hallucinations et des
épisodes dissociatifs (flash-back), y compris ceux qui
surviennent au réveil ou au cours d'une intoxication). Note:
Chez les jeunes enfants, la remise en action peut se
produire.
4. sentiment
intense de détresse psychique lors de l'exposition à des
indices internes ou externes évoquant ou ressemblant à un
aspect de l'événement traumatique (par ex., les dates
anniversaires, le temps froid ou le temps chaud, la neige,
certains endroits, certaines scènes à la télévision, etc.).
5. réactivité
physiologique lors de l'exposition à des indices internes ou
externes pouvant évoquer ou ressembler à un aspect de
l'événement traumatique.
C) Évitement
persistant des stimulus associés au traumatisme et
émoussement de la réactivité générale (non présente avant le
traumatisme) comme en témoigne la présence d'au moins trois
des manifestations suivantes:
1. efforts
pour éviter les pensées, les sentiments ou les conversations
associés au traumatisme.
2. efforts
pour éviter les activités, les endroits ou les gens qui
éveillent des souvenirs du traumatisme.
3. incapacité
de se rappeler un aspect important du traumatisme.
4. réduction
nette de l'intérêt pour des activités importantes ou bien
réduction de la participation à ces mêmes activités.
5. sentiment
de détachement d'autrui ou bien de devenir étranger par
rapport aux autres.
6. restriction
des affects (par ex., incapacité à éprouver des sentiments
tendres).
7. sentiment
d'avenir "bouché" (par ex., penser ne pas pouvoir faire
carrière, se marier, avoir des enfants, ou avoir un cours
normal de la vie).
D) Présence de
symptômes persistants traduisant une activation
neurovégétative (non présente avant le traumatisme) comme en
témoigne la présence d'au moins deux des manifestations
suivantes:
1. difficultés
d'endormissement ou sommeil interrompu
2.
irritabilité ou accès de colère
3. difficultés
de concentration
4.
hypervigilance
5. réaction de
sursaut exagérée.
On parle de
stress post-traumatique lorsque la perturbation entraîne une
souffrance ou une altération du fonctionnement social,
professionnel ou dans d'autres domaines importants.
Le souvenir de
l'événement est souvent d'une extraordinaire précision. Les
gens disent revoir la scène comme s'ils y étaient. Les
images, le souvenir des cris, des odeurs, etc; semblent plus
vrais que la mémoire ordinaire. Luc, par exemple, nous
racontait comment il n'a qu'à "regarder" ces images pour
nous dire combien il a fait de pas pour aller vers les
victimes, etc..
Les symptômes
de stress post-traumatique sont, de l'avis de plusieurs
chercheurs, le résultat de mécanismes d'adaptation de
l'organisme. Par exemple, les symptômes d'hypervigilance et
autres symptômes de suractivation physiologique se
produisent comme s'il fallait rester en alerte pour
s'assurer de faire ce qu'il faut et de prévenir tout autre
danger. L'émoussement des émotions et l'amnésie permettent
de doser le stress à gérer, etc.. Le problème, quand on ne
se rétablit pas, est que ces mécanismes se maintiennent
alors qu'ils ne sont plus nécessaires et qu'ils présentent
trop d'inconvénients.
Il arrive que
ces symptômes de stress post-traumatique soient accompagnés
de symptômes physiques ou psychologiques d'anxiété ou de
panique (il s'agit d'hyperventilation) tels que:
palpitations, battements de cœur ou accélération du rythme
cardiaque, transpiration, tremblements ou secousses
musculaires, sensations de "souffle coupé" ou impression
d'étouffement, sensation d'étranglement, douleur ou gêne
thoracique, nausée ou gêne abdominale, sensation de vertige,
d'instabilité, de tête vide ou impression d'évanouissement,
déréalisation (sentiments d'irréalité) ou dépersonnalisation
(être détaché de soi), peur de perdre le contrôle de soi ou
de devenir fou, peur de mourir, sensations d'engourdissement
ou de picotements, frissons ou bouffées de chaleur
(reproduit du DSM-IV, Critères d'une attaque de panique).
Ses symptômes apparaissent en raison du blocage de la
respiration qui se fait lorsque nous sommes anxieux. Ils
sont désagréables et souvent inquiétants mais ne sont pas
dangereux. Pour les atténuer, prenez le temps de respirer
lentement et profondément.
DIFFICULTÉS ASSOCIÉES
Les réactions
qui constituent ce qu'on appelle l'état de stress
post-traumatique ne représentent souvent qu'une partie de la
souffrance et des difficultés des victimes de catastrophes.
Elles vivent
souvent un pénible sentiment de culpabilité du fait d'avoir
survécu, de ne pas avoir réussi à sauver des gens, par
rapport à ce qu'elles ont dû faire pour sauver leur vie,
pour ne pas avoir réagi comme elles auraient voulu, etc..
Lorsqu'elles sont victimes d'un acte criminel, elles vivent
souvent de façon intense une grande révolte, de
l'agressivité, un désir de vengeance et un sentiment
d'injustice.
Les victimes
souffrent souvent aussi d'un sentiment d'incommunicabilité.
Leur expérience, les émotions vécues et leurs réactions sont
tellement hors du commun, intenses et inconnues jusqu'à
présent que les mots sont difficiles à trouver pour décrire
ce qui est vécu, surtout pour les gens qui sont de nature un
peu renfermée. Il est souvent difficile pour l'entourage de
réaliser ce que la personne vit. Il vient souvent un temps
où la victime se fait dire "reviens-en; oublie ça,
secoue-toi." Nos clients souffrant d'un stress
post-traumatique sévère nous disent à peu près tous que,
même si l'entourage offre une bonne écoute, il vient un
moment où ils ne veulent plus en parler, ils ne veulent pas
imposer cette lourdeur à leur entourage. Le (la) psychologue
est souvent la personne à qui on continue à en parler, à qui
on réussit de plus en plus à exprimer tout ce qui a été
vécu, tout ce qu'on a vu, pensé, ressenti et ce que l'on
continue à vivre par rapport à ça. Pourquoi le faire ? Nous
en parlons, dans la section Que faire ?.
La vision du
monde et de la vie est souvent affectée. Le monde n'est plus
aussi sûr. Il devient plein de dangers, de méchancetés,
etc., selon le traumatisme vécu. Plus la vision du monde
était incompatible avec l'événement, plus le choc est grand.
Chez les gens qui ont vécu des traumatismes chroniques
(abus, violence conjugale, etc.) particulièrement, les
croyances qui se rapportent à soi et aux autres ainsi que la
capacité de faire confiance sont très affectées.
Par ailleurs,
mentionnons que les gens souffrant d'un stress
post-traumatique doivent parfois vivre, en même temps, le
deuil de personnes chères, le deuil de leur propre santé,
des douleurs constantes, des problèmes financiers, des
tracasseries judiciaires, etc..
ÉVOLUTION
Les symptômes
débutent habituellement dans les trois premiers mois après
le traumatisme bien que puisse exister un délai de plusieurs
mois ou même de plusieurs années avant que les symptômes
n'apparaissent. La durée des symptômes est variable avec une
guérison complète survenant en trois mois dans environ la
moitié des cas alors que de nombreux autres sujets ont des
symptômes qui persistent plus de douze mois après le
traumatisme.
Pour la
majorité des gens chez qui les symptômes et problèmes
persistent plusieurs mois après le traumatisme, le passage
du temps n'amènera pas de rétablissement s'il n'y a pas de
traitement. Ces gens risquent de développer une dépression
(apparemment 25 à 30% des gens souffrant d'un stress
post-traumatique), une consommation abusive de drogue,
d'alcool ou de médicaments (environ 50%), un trouble
panique, de multiples évitements phobiques et des problèmes
de santé. Il est fréquent que ces diverses réactions
interfèrent avec les relations interpersonnelles et mènent à
de sérieuses difficultés conjugales et familiales. Elles
mènent aussi parfois à la perte d'emploi.
Si vous vivez un stress post-traumatique
Après un
événement traumatique, parlez-en, ne restez pas seul. Au
besoin, par exemple, allez coucher chez un proche. Si
l'événement a fait plusieurs victimes, il est bon d'en
parler avec les autres victimes assez rapidement pour
s'aider les uns les autres à "digérer" l'événement. Vous
pouvez peut-être prendre l'initiative de suggérer une
rencontre pour en parler. Il se peut que des gens, même des
proches, ne comprennent pas vos réactions. Ne vous laissez
pas trop déranger par cela. Il est difficile de s'imaginer
comment on peut réagir quand on n'a pas vécu une telle
expérience. Si l'incompréhension d'un proche en arrive à
nuire à votre relation, faites-lui lire ce texte ou demandez
à un professionnel (médecin, psychologue) de renseigner
cette personne.
Acceptez vos
réactions et le fait que vous êtes affecté. Prenez soin de
vous, essayez de vous détendre et de vous distraire. Faites
ce que vous aimez. Évitez le stress supplémentaire, dans la
mesure du possible. L'effet du stress est cumulatif. Essayez
de créer de bonnes conditions pour vous rétablir.
Évitez
d'abuser de l'alcool et les drogues qui peuvent amplifier
certains symptômes.
Essayez de
réduire l'impact de vos symptômes (irritabilité, colère,
retrait émotionnel, etc.) sur vos relations familiales.
Faites comprendre à votre conjoint et à vos enfants qu'ils
ne sont pas en cause.
Soyez patient.
Laissez-vous le temps de récupérer. Si les symptômes
diminuent en intensité et en fréquence après quelque temps,
vous êtes sur la bonne voie.
QUAND EST-IL PRÉFÉRABLE DE CONSULTER ?
Si les
symptômes persistent après quelque temps, nuisent à votre
fonctionnement ou à vos relations, il serait préférable de
consulter un médecin et/ou un psychologue. N'oubliez pas que
les gens traités de façon précoce récupèrent beaucoup mieux
que ceux traités tardivement.
Votre médecin
pourra éventuellement vous prescrire une médication pouvant
être efficace pour soulager certains symptômes, ce qui
pourrait vous aider à être en meilleur état pour mettre en
pratique différents moyens de s'en sortir. Par exemple,
lorsqu'une insomnie importante perdure trop longtemps, la
personne devient de moins en moins en possession de ses
moyens et une médication devient la solution la plus
efficace. Par ailleurs, un psychologue peut vous aider de
différentes façons à surmonter les symptômes de stress
post-traumatique, c'est ce que nous décrivons dans la
prochaine section.
Source : Eternal